Propriété intellectuelle

TF 6B_411/2013 (d)

2013-2014

Art. 9, 32 Cst. ; 95, 97 al. 1, 105 al. 1, 106 al. 2 LTF ; 61 al. 1 lit. b LPM ; 3 al. 1 lit. d, 23 al. 1, 23 al. 2 LCD ; 10 CPP  

Lorsqu’une violation du droit à la marque, selon l’art. 61 LPM, remplit aussi les conditions d’un comportement déloyal au sens de l’art. 3 al. 1 lit. d LCD, il y a spécialité et l’état de fait spécifique au droit des marques l’emporte. Dans ce cas, il y a concours imparfait entre les dispositions pénales de la LPM et de la LCD. L’application complémentaire de l’art. 3 al. 1 lit. d LCD à côté de la protection du droit des marques prend par contre tout son sens lorsqu’une protection ne peut être déduite de la LPM ou en présence de circonstances qui ne sont pertinentes que sous l’angle de la concurrence déloyale. Le recours à une protection selon la LCD peut ainsi entrer en ligne de compte vu les conditions d’application différentes mises par la LCD et la LPM à l’ouverture de l’action pénale (consid. 3.3). À la différence du reste du droit des signes distinctifs (marques, raisons de commerce et noms), le droit de la concurrence ne concerne pas seulement les cas où deux signes sont susceptibles d’être confondus. Il se rapporte bien plus au cas où un certain comportement est de nature à induire le public en erreur par la création d’un risque de confusion. Le droit de la concurrence protège les intérêts de toutes les parties prenantes à la concurrence et va au-delà de la protection offerte par les lois spéciales comme la LPM. En tant que preneuse de licence non exclusive, l’entreprise fabriquant les arbres magiques dans notre pays ne pouvait pas se prévaloir d’une violation du droit à la marque. Elle disposait par contre d’un droit à porter plainte au sens de l’art. 23 al. 2 LCD. Seule la protection de la LCD lui était ouverte. D’une part, la campagne publicitaire de la recourante a violé le droit à la marque du titulaire de celle-ci, en mettant en circulation, au sens de l’art. 61 al. 1 lit. b LPM des produits imitant cette marque (insérés dans les dépliants publicitaires concernés). D’autre part, elle a violé la LCD en créant un risque de confusion et en portant atteinte à la position sur le marché de la preneuse de licence qui était digne de protection (consid. 3.4). Le recours est rejeté.